La sortie de la série #Silo sur Apple TV+ est l’occasion de revenir sur le parcours incroyable de Hugh Howey, autodidacte de l’écriture… et de l’édition. Une histoire que je suis depuis 10 ans avec attention…
Après avoir fait nombre de petits boulots, Hugh se met tardivement à l’écriture, mais son premier roman Wool (qui deviendra la série Silo) est refusé par tous les éditeurs traditionnels. Aussi décide-t-il de le publier sur Kindle Direct Publishing en 2011, et le succès est fulgurant. Vendu en 5 épisodes à 0,99$ chacun, le roman marche d’abord par le bouche-à-oreille, et un dialogue étroit entre Hugh et ses fans, puis il est mis en avant sur Kindle Select et finit par lui rapporter 100 000$ par mois… rien qu’en numérique et sur une seule plateforme. Simple success story démontrant la puissance d’Amazon ? Pas si simple :
– En 2012, Hugh Howey prend un agent pour vendre ses droits à l’étranger, et ça marche, puisque le livre est vendu rapidement dans une dizaine de pays. Il sort donc en papier un peu partout (chez Actes Sud en 2013), alors qu’il n’a pas encore de version papier
– Ayant bien fait monter la sauce, il finit par signer un contrat avec un éditeur (500 000$ pour le seul tome 1), mais il garde ses droits numériques, qui lui rapporte 70% (vs 18% avec un éditeur)
– Il se fait depuis l’avocat de l’auto-édition numérique, mais rares sont ceux qui ont osé aller jusqu’au bout comme il l’a fait (EL James, Amanda Hocking ou Andy Weir ont tous signé des contrats d’édition exclusifs)
– Aujourd’hui, il est toujours détenteur de ses droits numériques, et signe en direct des contrats ponctuels pour les traductions et chacune de ses éditions papier.
– Et il a signé lui-même le deal avec Apple, avec un rôle de producteur exécutif.
– Résultat : en partant d’une exclusivité Amazon en apparence carcérale, on peut devenir l’auteur le plus indépendant du monde.
Pas mal, non ? Bien sûr c’est du boulot, et il faut savoir résister aux propositions mirobolantes pour garder le contrôle. D’ailleurs Hugh n’a pas été beaucoup imité. Il n’en reste pas moins un exemple unique de disruption créative dans l’univers (un peu conservateur) de l’édition.