À l’occasion du Festival du Livre de Paris, le CNL sort son baromètre sur la lecture 2023 (le dernier datait de 2021).
Principaux résultats et enseignements :
- 89% des Français déclarent avoir lu au moins un livre dans l’année, en hausse de 2 pts vs 2021, mais en baisse de 3 pts vs 2019. Le recul observé sur cet indicateur pendant la crise sanitaire n’est pas récupéré. > La concurrence des autres produits culturels (#streaming audio et video) sape le livre, mais aussi la consommation de contenus en ligne (presse, blogs, youtube) et le temps passé sur les réseaux sociaux : 3h14 par jour devant un écran contre 41m de lecture !
- les 25-34 ans tirent l’indicateur vers le haut. À l’inverse, les 35-49 ans résistent moins bien (14% n’ont lu aucun livre). > Effet Netflix/Spotify, encore ?
- 29% des Français lisent des livres numériques (contre 23% en 2021), alors que l’#ebook ne pèse que 4 à 5% du marché. Chez les 15-24 ans, c’est 52% (vs 37%). Cherchez l’erreur… ou plutôt ne cherchez pas. > Les jeunes se débrouillent pour lire sans payer.
- La BD a la plus forte progression (+14%), mais le plus surprenant est que cette croissance concerne autant les 25-50 ans que les 15-24 ans. > L’essor de a BD documentaire (#lemondesansfin) y est sans doute pour quelque chose.
- L’achat d’occasion explose (40% des Français ont acheté un livre d’occasion contre 34% en 2021, 26% en 2015) > De plus en plus d’offres, toujours plus accessibles… alors pourquoi payer plus ?
- Le prêt et le cadeau entre particuliers explose (82% vs 68%), mais l’achat pour offrir reste stable. Donc on prête ou on donne des livres déjà lus > Dans le livre aussi, on fait circuler plutôt qu’on accumule
- En revanche les bibliothèques publiques n’en profitent pas. > Effet Covid persistant, et offre trop limitée vs Interrnet, surtout avec l’essor de l’occasion sur les marketplaces. Emprunter un livre déjà lu ou l’acheter en ligne pour quelques euros ? ça se discute…
- L’achat en ligne progresse fortement (+10), ainsi que les bouquinistes et les brocantes (+7). > Effet Covid, mais surtout nouvel effet de la progression de l’occasion.
- La principale raison pour ne pas acheter en librairie physique est l’éloignement, et le chiffre progresse de 16 points alors qu’il y a toujours autant de librairies en France > Il s’agit donc d’un changement de perception, lié à l’essor du e-commerce, à la flemme, etc.
- Les autres raisons sont le manque de stock ou de choix > Là encore rien n’a changé dans la réalité, mais les lecteurs trouvent en ligne ce qu’ils ne trouvent pas IRL : du fonds, de l’occasion, du numérique et donc des prix bas ou de la gratuité.
- Ce qui inciterait les non-lecteurs à se remettre à lire : les conseils des proches et une offre mieux adaptée (je mets de côté « avoir plus de temps » car l’emploi de son temps est une question de choix) > la question du prix est ignorée par l’étude, ce qui n’est pas surprenant quand on voit qui commandite l’étude !
- Pour les jeunes, l’impact des influenceurs et des réseaux sociaux est forte sur les motivations de lecture et d’achat > #booktok, quand tu nous tient.
En résumé, l’équation plaisir/(temps+prix) est défavorable au livre en regard des autres loisirs ou des autres manières de consommer du contenu. Et tout ce qui rapproche le livre du lecteur lui est favorable : amis et partage, prix bas et gratuité, internet et influenceurs. Du grain à moudre pour toute la chaîne de valeur du livre.